Retour de lecture d’Une mère, Le cri retenu
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    Une lecture d’Une mère, Le cri retenu par Jean-Pierre Poccioni

    couv. Une mère, chez l’éditeurJ’ai lu Une mère de Pierre Perrin, un récit fort justement sous-titré Le cri retenu et découvert une expérience littéraire très impressionnante.
    Pourtant ce n’est pas un texte dans lequel on entre légèrement tant par l’écriture dont il convient de peser chaque métaphore, voire chaque mot, que par l’évidence troublante que l’on s’aventure au cœur de l’intimité d’un auteur ; il n’est pas excessif de dire qu’il se met à vif et laisse peu d’espace entre ce qu’il observe et son être propre. Mais on se dit que cet écrit à tout de même vocation à être lu et on oublie ce sentiment d’être indiscret.


    Alors, les pages succédant aux pages, ce sont de subtiles notations qui s’accumulent et déposent en nous des faits, menus ou primordiaux, dont la sédimentation évoque les strates que les archéologues étudient avec soin pour en tirer du sens.
    C’est qu’au-delà de la démarche éternelle qui fait que l’on se penche sur son passé, surtout si celui-ci tourne autour de la figure maternelle, Pierre Perrin examine les rapports complexes entre cette réalité, révolue et non révolue à la fois, et le présent vivant de l’écriture en action. Que dit l’acte d’écrire que la réalité de la mémoire seule nous refuse ? Cette interrogation qui innerve ce texte lui donne sa portée et, pour être sincère, sa difficulté ; car il arrive que l’effort pour exprimer l’ineffable conduise à des images qui échappent en partie au lecteur étranger par nature à la chair des choses qui y sont abordées.
    En conclusion, un texte qu’il faut lire pour donner un sens véritable à l’expression souvent galvaudée de littérature inclassable. Car si le talent de Pierre Perrin est indiscutable et enchante ou surprend en permanence par mille découvertes stylistiques, ce qui reste est cet engagement quasi vital, cette forte et belle aventure humaine de l’écriture.

    Jean-Pierre Poccioni, Le Livre des visages, 12 octobre 2018

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