Liberté ou déclin ?
Platon, La République
« N’est-il pas inévitable que dans un pareil État (en grec « polis ») l’esprit de liberté s’étende à tout ?
— Comment en serait-il autrement ?
— Et qu’il pénètre, cher ami, poursuivis-je, dans l’intérieur des familles et qu’à la fin l’anarchie se développe jusque chez les bêtes ?
— Comment faut-il entendre ce que tu dis là ?
— Je veux dire, répliquai-je, que le père s’accoutume à traiter son fils en égal et à craindre ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a plus ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre ; que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger de même.
— C’est bien ainsi que les choses se passent, dit-il.
— À ces abus, continuai-je, ajoute encore les menus travers que voici : dans un pareil État, le maître craint et flatte ses élèves et les élèves se moquent de leurs maîtres, comme aussi de leurs gouverneurs. »
Platon La République, livre VIII
[Traduction de Émile Chambry, Les Belles Lettres]
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