Elisabeth Loussaut a lu Le Goût de vivre de Pierre Perrin, Possibles Hors-série, 2025
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  • Élisabeth Loussaut a lu Le Goût de vivre
    essai de Pierre Perrin, Possibles Hors-série, 2025

    couverture

    Pierre Perrin écrit Essai sous le titre Le Goût de vivre. Ne pensez pas que c’est autre chose qu’un essai. Il n’y a pas de hasard en littérature avec Pierre Perrin. Le mot est juste sinon il ne serait pas. On commence la lecture comme dans le livre de la Genèse, il y a un début, il y aura une fin. Léonard de Vinci est son élève, il dissèque. Il se définit : « Je suis ainsi, tour à tour insolent ou paria, un loup ou un agneau ». Il s’avoue très vite impuissant face à l’humanité qui nous échappe, qui nous dépasse et qui nous fascine. Il aimerait donner la recette, le la, le pourquoi et le comment de la vie. Alors, il lance des lignes, nous les retenons, nous nous y accrochons, elles deviennent nôtres. « Chacun se sent jeune sinon éternellement, presque jusqu’au dernier souffle » et « des langes au linceul, chacun ne pénètre que des bribes entres des trous noirs. » L’enfance, l’adolescence, l’école, l’apprentissage, aucune étape n’est oubliée, même pas celle de l’arthrose.
    Il se fait défenseur de la jeunesse et rit de se voir s’en éloigner, la belle affaire, elle est faite pour ça la jeunesse. Mais quand Pierre Perrin parle de l’amour, il s’enfièvre, il est amoureux, il plaint ceux qui ne l’ont pas rencontré. « Un baiser attise l’amour », c’est beau comme un soleil couchant sur la pointe bretonne. L’amour a une place d’honneur, la première sur le podium. Il faut savoir composer et garder une porte ouverte pour susciter le désir. L’amour peut s’envoler, s’effeuiller, il faut prendre garde aux courants d’air.


    Pierre Perrin revient sur terre, les deux pieds dans la société. La démocratie, la gauche, la droite, l’État, la mondialisation. Il aborde tour à tour les grands traits de notre histoire, de l’histoire. L’égalité bafouée, la guerre, le pouvoir. L’humanité est en danger depuis des siècles à la recherche d’un paradis qui n’existe pas. «Les pauvres ont leurs riches et les riches ont leurs pauvres », disait déjà Baudelaire. La mondialisation au mépris de l’individu, les partis politiques décevants de médiocrité, un exemple : la gauche a tué la lecture, supprimé les langues anciennes, nivelant l’éducation par le bas, en faisant croire à l’égalité des chances, navrant. Le conseil de l’écrivain : « Jeunes gens, fuyez les menteries, observez tout, scrupuleusement de ce qui se présente à votre cerveau ». Il peint l’écologie en rouge. Pendant un instant, il se met au vert en nous faisant savourer un moment d’avant, celui « où le respect l’emportait pour tout ce qui nourrissait la vie », le temps où l’écologie se vivait sans en faire un slogan. La modernité a tout emporté sur son passage, un tsunami, un mot intellectualisé à outrance, vidé de sens. Et Dieu dans tout ça ? Pierre Perrin tente l’inexplicable mais reste dans l’interrogation et la colère.
    Tout au bout du tunnel, il ose un espoir et donne un conseil aux jeunes gens : « écartez-vous des fanatiques mais accueillez qui vous permet d’élargir vos vues, de vous hisser plus haut ».
    Malgré un tableau sombre, à la façon de Turner, Pierre Perrin lance des traits de lumière et ne s’avoue pas vaincu, l’écriture est un horizon qui l’apaise. « L’homme est un loup pour l’homme », Pierre Perrin le sait depuis sa tendre enfance. Sur un air de Thomas Hobbes, Pierre Perrin nous donne son âme à la fin de son livre, en nous souhaitant mille bonheurs. Bonheur, c’est le mot que je retiendrai.

    Élisabeth Loussaut, courriel, 12 mai 2025

    Parme Ceriset a lu Le Goût de vivre, 13 mai —>

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