Envoi pour Des jours de pleine terre, Al Manar, octobre 2022
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  • Pierre Perrin, Envoi pour Des jours de pleine terre
    Éditions Al Manar, octobre 2022, 170 pages, 23 €

    couvertureLa présente édition reproduit une partie des poèmes de La Vie crépusculaire, prix Kowalski 1996, un volume épuisé depuis plus de vingt ans, les poèmes retenus retravaillés. Écrits en vers, je les avais donnés en prose. Je les croyais plus lisibles, jusqu’à ce que je récuse le poète fainéant, pire : courtisan. La navette a repris son cours, le vers a reversé. Le labour est fini. Si, longtemps, j’avais pensé rééditer La Vie à part, les poèmes qui ont suivi, sans attendre, et malgré un intervalle de dix ans de silence, diffèrent-ils des précédents ? J’ai donc intégré les inédits qui, sous le titre actuel, auraient dû constituer un autre recueil. Je ne fais pas carrière. Je ne prétends pas avoir raison. L’orthographe en capilotade, la notion de rythme perdue, comme si les basses la noyaient, la littérature rentre aux catacombes pour cinquante ans, si tant est que le redressement de l’éducation réussisse. En attendant, il faut s’inscrire dans cette époque, y faire sa course de culs-de-jatte, sans pleurer les jambes tranchées, le sang séché. Qui suivra mes prétentions ? Il n’est doute qui ne se renverse.


    Le présent ensemble de cent-dix poèmes figure une édition courante. Quel que soit le silence qui ensevelit les parutions, un volume de notes, dont l’écriture me galvanise, va suivre. Je rassemblerai peut-être quelques essais. J’en aurai terminé avec ma littérature. Sa vie ne dépend plus de moi. Les morts n’ont qu’une parole : Vivez !
    Un chef-d’œuvre, à quoi chacun prétend, conjoint un talent, une ténacité et un travail, sinon vers la perfection, du moins sans trop de scories. Nul charlatan, aucun poète-fétiche n’imposent l’authenticité. La patience est nécessaire. Sauf exception, un jour, des doctes s’emparent de l’œuvre. Ils scrutent la qualité ; ils l’établissent. Et une histoire fixe le poète digne de ce nom dans la mémoire. Longtemps porté pire qu’une croix, le temps devenu mon allié ouvre-t-il désormais la marche ? Je ne connaîtrai pas mon sort qui, par chance, m’indiffère un peu plus chaque jour.

    Certaines pages ont paru préalablement, le plus souvent dans une version différente, en prose, en vers ou en versets, parfois disponibles sur le présent site. Parmi les poèmes de ce recueil, Ouvrir la porte, Force de l’ignorance, La bascule reprennent Marche à vie, poème en trois parties publié par Jean-François Mathé dans le dossier n° 88 de la revue Friches, présentation suivie d’un entretien et autres poèmes, en 2004. La première partie a été reprise par Jean Orizet pour son Anthologie de la poésie française, Larousse, 2007, en poche. La revue Haies vives, dans le numéro 4, 2016, a offert une version de Marche à vie, en prose. L’enfant fou, La complainte de mai, La sève sous le gel ont paru dans La Poésie française contemporaine, anthologie de Jean Orizet, au Cherche Midi, 2004.
    Couple moderne a été traduit en catalan par Matias Tugores Garau et a paru dans la revue S’Esclop n° 20, mai 2005, [España].
    Un crime d’État figure dans Le Nouveau Recueil n° 55 de juin 2000. Avec deux autres poèmes non repris pour ce choix, il a été traduit en catalan par Matias Tugores Garau, et a paru dans 36 Voces francesas para una anthologia poética contemporanea chez Ficciones, Granada, 2008.
    Une version en sept chants de La paix au large a fait l’objet d’un livre d’artiste, avec des gravures de Florence Crinquand, en 2005 ; une version presque identique est parue dans Traversées n° 83, mars 2017. Ultime approche est paru dans Autre Sud n° 7, en décembre 1999, puis dans la revue Haies vives, numéro 5, 2017, avec quatre autres poèmes.
    Au-delà de cette liste incomplète et de peu de poids, que tous ceux qui auront donné à lire ces poèmes soient ici remerciés. Que le soit aussi Sophie Brassard qui m’avait offert le portrait qui orne la couverture du présent volume.


    « Je n’ai pas fini de lire Des jours de pleine terre. Ce que je remarque, c’est l’originalité et, partant, la marginalité d’un tel livre. C’est je crois la troisième fois que je lis tes textes. Tu as réussi à exister dans ces poèmes, tu es là. Les poèmes sont durs et beaux, aux antipodes du style actuel qui règne en maître. Imagine une belle toile figurative au sein d’abstractions lyriques.
    « Tes mots viennent du tréfonds, ce sont des morceaux de ta chair alors que souvent, aujourd’hui, les poètes taillent des bouts de nuage, au petit bonheur la chance. Ils veulent faire beau, avec au mieux le petit effet qui emporte la mise, au pire un néant qui s’édite. On est loin de ton travail de la langue, du sens, de l’émotion. » Claire Boitel, courriel, 26 juin 2022


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