Pierre Perrin, Des jours de pleine terre, Al Manar
Un article de Gwen Garnier-Duguy [juillet 2024]

Le poète Pierre Perrin, animateur de revues et critique littéraire, a fait paraître, grâce au bel éditeur Al Manar emmené par Alain Gorius, un choix de poèmes s’étendant sur une période de cinquante ans. Ce précipité rend compte d’un art poétique pratiqué par un homme tout au long de sa vie, et révèle la constance d’un style auquel il sera demeuré fidèle, l’ayant tôt trouvé, ainsi que la cohérence thématique qui l’aura animé au long des années.
Ce recueil se compose de 5 parties, sans que soit palpable la référence à la tragédie, mais plutôt l’unité d’une main à plume dont le « faire » pourrait peser sur le monde à travers le lecteur. L’enfance, le doute, l’amour, le monde et la paix vont former un chemin de vie, universel en ceci que chaque être humain en fait l’expérience ou y aspire. La particularité de ces poèmes est qu’ils sont quasi-tous introduits par une pensée, souvent de l’auteur, relevant de la dimension philosophique, le poète renouant ainsi, dans une forme que notre époque peut entendre, avec l’identité de la poésie qui, à l’origine, n’était pas séparée de la philosophie.
L’enfance nous plonge dans la France de la jeunesse du poète, une France rurale, paysanne, avec la présence viscérale d’une mère aimée, un pays où l’Église joue encore un rôle et rythme les semaines. Le doute fait entendre la part de révolte du poète, qui va s’accentuer dans la partie consacrée au rapport au monde. « Il n’est aucune invention que l’homme n’ait retourné contre ses semblables, le langage au premier chef. »
- Des jours de pleine terre, Al Manar, octobre 2022, le recueil, les lectures, etc.
La présentation du volume chez l’éditeur
- Une page récapitulative des principaux retours, articles, dossiers et signatures
- Une note de lecture par Gwen Garnier-Duguy, in Littérature(s), Juillet 2024
- Un article par Paloma Hidalgo dans Esprit, mai 2024
- Une note de lecture par Pierrick de Chermont [3 septembre 2023
- La lecture du dossier Pierre Perrin dans Poésie/première n° 86 par Jeanne Orient
- Une lecture des deux premières sections du recueil par Yveline Vallée [août 2023]
- Réalisé par Isabelle Lévesque, un entretien pour Terre à ciel, juillet 2023
- Sept retours de Jean-Pierre Georges, Emmanuel Godo, Fabienne Schmitt, Jacqueline Saint-Jean, Raymond Perrin, Colette Fournier et Alain Duault
- Un dossier [article et entretien], dans la revue Livr’arbitres n° 41, mars 2023
- Un article d’Olivier Stroh, sur sa page Lettres, 26 mars 2023
- Les hautes terres de Pierre Perrin, par André Ughetto [12 mars 2023]
- Un article par Alain Roussel sur le site En attendant Nadeau, 8 mars 2023
- Une étude d’Emmanuelle Caminade, pour L’Or des livres, le 26 févier 2023
- Article de Ridha Bourkhis dans La Presse de Tunisie, le 23 février 2023
- Poème Hommage à René Char lu par Pierre Perrin [vidéo 1,31 mn]
- Courriel de Philippe Colmant, 7 février 2023 et courrier de J. M. Sourdillon
- Article de Daniel Guénette sur son blog québecois le 31 janvier 2023
- Courriel de René de Ceccatty, lettre de Michel Leuba et article d’Alain Nouvel sur RAP
- Jeanne Orient, texte et présentation vidéo de 6 mn 10, 19 janvier 2023
- ‘L’atelier’ lu par Marilyne Bertoncini [vidéo de 1 mn 50]
- ‘Force de l’ignorance’ lu par Catherine Humbert [vidéo de 2 mn 23]
- Jacques Morin, article pour revue Décharge, 27 décembre 2022
- Marie-Thérèse Peyrin, Le Livre des visages, 5 décembre 2022
- Retours de Virginie Megglé, d’Émile Eymard, Danièle Corre, Milouine, Marie Desvignes et Jean-Claude Martin, nov-déc. 2022
- Un choix de six poèmes par Georges Guillain, le 13 nov. 2022
- Une lecture de Georges Guillain, le 10 novembre 2022
- Une lecture de Didier Pobel, le 5 novembre 2022
- Une lecture de Gérard Mottet, le 31 octobre 2022
- Une lecture de Philippe Leuckx, le 30 octobre 2022
- Pierre Perrin, Envoi pour Des jours de pleine terre
- P. P. Éloge de la poésie [et comment je suis venu à elle]
Les poèmes consacrés à l’amour sont empreints d’une sensualité et d’un érotisme à fleur de peau, mais surtout à fleur de langage, justement, car lorsque le poète chante l’amour, il est fort probable qu’il nous parle de cette expérience vécue avec la parole, fusionnelle, de toute beauté, le corps de la femme se prêtant à la métaphore des profondeurs d’un absolu du langage se nommant poésie.
Le monde sera l’objet d’un creuset pour le moins alchimique où le poète, faisant l’expérience de tout dans son quotidien, transformera en or les épreuves vécues. Il y rendra hommage aux poètes aimés (Cadou, Réda, Pérol, Char), s’enflammera contre facebook, déplorera la volonté de pouvoir, l’exploitation, l’argent roi, la bêtise de l’époque, son analphabétisme, la guerre entre la Russie et l’Ukraine : « Si aucun missel ne protège de mourir sous des missiles, / Qui n’oublie la misère ? Deux milliards de pauvres, nos / Égaux, ne trouvent d’eau qu’à la course vers une source. »
La dernière partie consacrée à la paix sera l’occasion d’une vision de la poésie et de son humble pouvoir : « Il n’écrit pas une leçon, ni pour sauver quoi que ce soit (…) Il écrit pour le plaisir de donner » et « En s’élançant parfois dans l’infini, le poème ébranle des cavernes. », autrement-dit dessille l’illusion.
Ce beau recueil, sculpté d’une langue inédite totalement accomplie, charrie l’émotion véritable, l’humanisme juste, la pensée en acte et son épanouissement par l’apothéose poétique. Pierre Perrin où, faire de sa vie un grand poème. Et du poète, un ami.
Gwen Garnier-Duguy, in Littérature(s) [juillet 2024]