Retour de lecture Des jours de pleine terre de Pierre Perrin
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  • Pierre Perrin, Des jours de pleine terre, Al Manar
    Une lecture de Philippe Comant puis un courrier de Jean-Marc Sourdillon

    couverture

    « Tu es un écrivain particulier à mes yeux, car j’en connais peu dont la plume marie avec autant de brio (et de bonheur) tous les genres littéraires : poésie, roman (Le modèle oublié reste à mes yeux un chef-d’œuvre), nouvelle, récit (Une mère – Le cri retenu), essai… Voilà pour le préambule.
    J’en viens à ton dernier-né poétique, ce florilège de textes rameutés qui couvre un peu plus d’un demi-siècle. J’ai passé plusieurs « jours de pleine terre » en ta compagnie, à te regarder bêcher ton jardin, retourner la mémoire pour mieux l’entretenir. Bien, sûr, je savais déjà La Vie crépusculaire et La Porte et autres poèmes. Je savais les couleurs de ton écriture, sa richesse, sa densité, avec tout ce que cela implique de découvertes, notamment sur le plan du vocabulaire (merci pour « bréhaigne »), véritable cadeau pour un linguiste comme moi. Mais tenir entre les mains et lire « page après page » ce concentré d’une vie, cette décoction sans filtre, n’ont fait que renforcer mon admiration pour ta force descriptive, pour ton écriture tantôt vitriolée et dure (quand tu décris ton enfance criblée et le rapport à la mère), tantôt douce et tendre (quand tu évoques l’éveil naïf des amours adolescentes). Tu as un style bien à toi, trempé dans l’émotion qui sourd d’entre les lignes. Un style né de l’équilibre acquis en marchant comme un funambule sur ton fil de vie. Tu marches encore. Les plaies essaient toujours de se refermer ; les cicatrices restent… et elles font parfois les beaux visages. Je sens évidemment la terre meuble sous l’argile durcie. Et je sens l’enfant inachevé, privé de la tendresse maternelle, dans la peau de l’écrivain-référence devenu passeur de mots. Mais le clin d’œil du destin, Pierre, c’est que c’est quand même l’amour qui t’a sauvé : l’amour de (et pour) ta femme et l’amour des lettres. Toute la vie se résume au fond à une quête de soi. Et si tu cherches encore, je me dis, moi, que tu as déjà trouvé.
    Merci d’avoir fait éditer ce remarquable recueil anthologique. Il a tout son sens. Je t’envoie mon amitié et ma reconnaissance. »

    Philippe Colmant, courriel, 7 février 2023



    Il y a une grande puissance d’évocation dans votre écriture, sans doute parce qu’elle est d’une grande force concrète (on comprend votre goût pour un poète comme René Char ou un peintre comme Courbet). Elle cherche, dirait-on, à dégager ce qu’il peut y avoir d’insubordonné, d’inappréciable même dans une existence singulière, à cerner une sorte de territoire sauvage en elle : l’enfance, le désir, le sexe, la jouissance, la poésie, l’art, le rapport à la mort. Au centre de tout cela il y a, me semble-t-il, la colonne vertébrale de l’attente. Une attente intensément vécue, inassouvissable. Comment se débrouiller avec l’impatience ?
    On sent, en vous lisant, une grande maîtrise de l’instrument poétique, mais, comment dire, presque débordée par le flux très dense des images, leur venue presque précipitée parfois, continuelle, qui font qu’elles se heurtent dans leur juxtaposition à l’intérieur du poème, créant un sentiment d’urgence (l’impatience justement) et une forte intensité de présence…
    M’émeuvent beaucoup dans votre livre les allusions à René-Guy Cadou (et à Hélène)… un poète que j’ai beaucoup lu dans mon adolescence et dont j’ai habité fiévreusement le monde de l’amour. Merci pour le don de votre livre. Bien amicalement à vous,

    Jean-Marc Sourdillon, courrier, 29 janvier 2023.

    Article de Ridha Bourkhis dans La Presse tunisienne [23 février]

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