Pierre Perrin, Des jours de pleine terre, Al Manar
Article de Paloma Hermina Hidalgo dans Esprit mai 2024

« À vivre autrement, le monstre en chacun recule-t-il ? » Quel meilleur guide que cette vérité sans complaisance, et pour cela même prophétique, pourrait nous accompagner dans la lecture de ces Jours de pleine terre ? « Choix de poèmes » grâce auxquels Pierre Perrin a su recréer « le visible, l’invisible, l’indivisible de l’amour ». Expérience cruelle, hardie et apaisante, la transmutation de cet amour en style sera réalisée, tout au long de sa vie, par Perrin, poète, écrivain, critique.
S’il partage avec les maîtres du roman contemporain l’art de capter le temps sensible, il le fait à sa façon incomparable, fort de cette inhumaine sincérité, qu’épouse le plaisir de l’homme et de la femme. Si « je » me réconcilie avec « l’objet » (objet primordial, objet maternel), il n’y a plus de sujet ni d’objet, et le « moi » se dissémine, incorporé dans l’écriture de l’être : « Que cherchons-nous dans notre nage, ivres de sel croisé de fruits, que la terre à la mer apporte, sinon le feu qui nous contente, la plénitude où notre sort coulera sans un cri, tel un voilier dont la course était pure – et mérité le repos ? L’espace parcouru, les pôles se confondent »
- Des jours de pleine terre, Al Manar, octobre 2022, le recueil, les lectures, etc.
La présentation du volume chez l’éditeur
- Une page récapitulative des principaux retours, articles, dossiers et signatures
- Une note de lecture par Gwen Garnier-Duguy, in Littérature(s), Juillet 2024
- Un article par Paloma Hidalgo dans Esprit, mai 2024
- Une note de lecture par Pierrick de Chermont [3 septembre 2023
- La lecture du dossier Pierre Perrin dans Poésie/première n° 86 par Jeanne Orient
- Une lecture des deux premières sections du recueil par Yveline Vallée [août 2023]
- Réalisé par Isabelle Lévesque, un entretien pour Terre à ciel, juillet 2023
- Sept retours de Jean-Pierre Georges, Emmanuel Godo, Fabienne Schmitt, Jacqueline Saint-Jean, Raymond Perrin, Colette Fournier et Alain Duault
- Un dossier [article et entretien], dans la revue Livr’arbitres n° 41, mars 2023
- Un article d’Olivier Stroh, sur sa page Lettres, 26 mars 2023
- Les hautes terres de Pierre Perrin, par André Ughetto [12 mars 2023]
- Un article par Alain Roussel sur le site En attendant Nadeau, 8 mars 2023
- Une étude d’Emmanuelle Caminade, pour L’Or des livres, le 26 févier 2023
- Article de Ridha Bourkhis dans La Presse de Tunisie, le 23 février 2023
- Poème Hommage à René Char lu par Pierre Perrin [vidéo 1,31 mn]
- Courriel de Philippe Colmant, 7 février 2023 et courrier de J. M. Sourdillon
- Article de Daniel Guénette sur son blog québecois le 31 janvier 2023
- Courriel de René de Ceccatty, lettre de Michel Leuba et article d’Alain Nouvel sur RAP
- Jeanne Orient, texte et présentation vidéo de 6 mn 10, 19 janvier 2023
- ‘L’atelier’ lu par Marilyne Bertoncini [vidéo de 1 mn 50]
- ‘Force de l’ignorance’ lu par Catherine Humbert [vidéo de 2 mn 23]
- Jacques Morin, article pour revue Décharge, 27 décembre 2022
- Marie-Thérèse Peyrin, Le Livre des visages, 5 décembre 2022
- Retours de Virginie Megglé, d’Émile Eymard, Danièle Corre, Milouine, Marie Desvignes et Jean-Claude Martin, nov-déc. 2022
- Un choix de six poèmes par Georges Guillain, le 13 nov. 2022
- Une lecture de Georges Guillain, le 10 novembre 2022
- Une lecture de Didier Pobel, le 5 novembre 2022
- Une lecture de Gérard Mottet, le 31 octobre 2022
- Une lecture de Philippe Leuckx, le 30 octobre 2022
- Pierre Perrin, Envoi pour Des jours de pleine terre
- P. P. Éloge de la poésie [et comment je suis venu à elle]
Demeure le pur temps incorporé, à l’instar de celui retrouvé de Proust, que l’auteur modèle à sa manière : moins métaphysique, plus allègre, d’une sensualité plein la gorge, plein la langue :
« Aux galbes
De neige sous l’insolence des groseilles à téter,
Une ignorance tourne en lait. »
Telle est la jouissance de Perrin, profuse et éparse : elle comprend la décharge virile sans se limiter à son pouls ; se prolonge en syncopes dans les recels du corps. Indissolublement, sens, son, sensation : « Chacun sent que le désir n’épuise aucun détour. »
Écrire à l’œil. Soit : transmuer sa fièvre en plaisir de bouche et d’oreille : voilà le seuil où Perrin cherche sa vérité, et dont la justesse charnelle de son timbre ne s’écarte jamais. Langue dans ce qu’elle a d’absolu, indistincte de la perpétuelle naissance de l’être lui-même :
« L’air frais sur les joues, la vie ravaudée, l’avenir
Dépiauté comme une poire par une pie, il reste,
Au creux de la paume, une odeur de blé en lait. »
Paloma Hermina Hidalgo, Esprit, mai 2024>
L’Article de Paloma Hidalgo sur le site de la revue Esprit.