Pierre Perrin [‘Les Carnets de haut bord’] demande si les impôts ne coûtent donc rien (pour le gouvernement, voire ceux qui les votent ?)
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  • “ça ne coûte rien, c’est l’État qui paye”
    ou les incohérences à répétition

    « Aimer, c’est agir […] on souhaiterait l’inverse : qu’agir, ce soit aimer,
    et alors c’en serait fini des saloperies que les hommes se font. » André Blanchard, Contrebande, 2007

    Pour François Hollande, les “sans dents” — ‘plaisanterie’ qu’a rapportée son ex. dans Merci pour ce moment —, suinte le mépris propre à nos élites de tout bord. Mépris d’ordre colonial ! Y’a bon des sans dents ! ‘De tout bord’, car au lendemain de l’arrestation de DSK à New-York, l’UMPiste maire de Troyes ne stigmatisait-il pas, sur France 2, à 13 h 15, « la France des corbeaux » — ces “corbeaux” qui postent leurs fientes à la queue-leu-leu des e-articles de presse ?

    Comment se taire quand, jeudi soir 6 novembre 2014, sur TF1, Hollande répond à Calvi que 15 000 emplois aidés, “ça ne coûte rien, c’est l’État qui paye” ! – C’est tout de même nos impôts, fait remarquer Calvi, en vain. Le sujet est clos. Mépris de Hollande ? Impéritie ? À quoi bon économiser ? Le contribuable est inépuisable ! Et le silence recouvre la France !

    Un tel état d’esprit (que l’impôt importe peu) n’est-il pas largement partagé ? Jeudi 1er janvier 2015, sur C dans l’air [Hollande fait vœu d’optimisme], Christophe Barbier décerne un brevet de bonne ministre à Mme Royal. Elle aurait bien géré l’écotaxe. L’e-Monde économie, pourtant, le 2 janvier à 10 h 44, conclut à l’inverse : « Le principe “pollueur payeur” à la base de la conception de l’écotaxe, rejeté par la ministre de l’environnement au nom de son refus de toute “écologie punitive”, se transforme en une addition de 800 millions d’euros à payer par le contribuable. » Sans oublier que c’est tout le parc automobile qui compense, à compter de ce 1er janvier, par une taxe (sur le litre de diesel à hauteur de 4,8 c d’€)… Mais ce n’est plus, là, de l’écologie punitive !

    Autre belle histoire : 156 députés socialistes avaient entraîné, le 10 décembre, le premier ministre dans une proposition de rachat des autoroutes. Vendues moins de 10 milliards, à racheter 30 milliards d’€, sept ans plus tard ! Voilà du beau comptage de gueules ! Comme la perte de 20 milliards n’est pas établie, pas ébruitée, le premier ministre [tout frais décrêté “homme de l’année” en Espagne] annonce, le 31 décembre, la création d’un groupe de travail qui remettra ses conclusions… Le 29 décembre, le Conseil Constitutionnel venait d’invalider l’article 80 de la loi de finances rectificative pour 2014. Cet article prévoyait qu’une « éventuelle rupture des concessions des sociétés d’autoroutes devait être précédée par la remise, le 30 décembre, d’un rapport au Parlement “présentant les conséquences pour le budget de l’État”. » Le Canard enchaîné du 7 janvier l’atteste, rappelant que la date limite de dénonciation des sociétés d’autoroutes est, chaque année, le 31 décembre ! On voit l’amplitude du geste : la seule nuit du 30 pour étudier le rapport et trancher ! Quelle cohérence !

    Sur la même ligne de fuite ou quasi, Philippe Varin, qui a si cruellement échoué ces cinq dernières années à la tête de PSA, va, avec le soutien de l’actuel ministre des Affaires étrangères, prendre le 8 janvier la tête d’Areva. La douzaine de milliers de ‘chômeurs Peugeot de Varin’, dont ceux “de l’usine à problèmes d’Aulnay”, vont certainement applaudir Hollande sur ce dernier choix nucléaire. Mais quoi ? Le petit César du ras-le-bol fiscal, Mosco… [veni, vidi] vici, n’a-t-il pas été promu (payé double désormais) commissaire européen ?

    Cette perte organisée des repères, avec mensonges en direct, la preuve en direct rapportée sous leur nez politique à la radio, à la télé, fait que l’élection présidentielle tourne au pari de Pascal. Jacques “Supermenteur” : 82 % en 2002. 2007, Bayrou convainc que la dette étrangle le pays : les Sarkophiles s’assoient dessus. Hollande, élu sur la foi de sa normalitude, en 2014 : on touche le fond. On dit que l’aggravation a ses limites ?… Ils rétorquent déjà que c’est de la démagogie !…

    Pierre Perrin, ‘Carnets de haut bord’, 3 janvier 2015

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