Retours de lecture La Porte de Pierre Perrin
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  • Pierre Perrin, La Porte
    Quelques retours de lecture

    recueil La Porte

    J’ai lu La porte ce weekend et merci pour cette ouverte sur votre enfance, j’ai presque envie de dire cet espace clos presque comme une prison dont il faudrait s’extraire pour aller vers la vie... Ces passages sont très émouvants et j’envie votre compagne de faire l’objet de si belles pages.... Il n’y a rien de plus beau que l’émotion dévoilée… Amitiés — Véronique Elfakir, 25 novembre 2019

    Bonjour Pierre. J’ai enfin pu lire votre recueil La Porte et autres poèmes. À vrai dire, je l’ai savouré deux fois. Parce que la justesse des mots utilisés, leur assemblage méticuleux et précis (de ceux qui donnent les meilleurs champagnes) et les tableaux racontés avec une force rare dans le verbe m’ont ravi au point d’appeler une deuxième lecture. Je connaissais déjà votre puissance de plume pour vous avoir déjà lu dans vos billets publiés sur Facebook ou au détour d’une anthologie poétique, mais j’avoue que là, j’ai été emporté. Merci encore. Autant dire que je me réjouis de découvrir votre «Modèle oublié», dont le Père Noël m’a réservé un exemplaire. Belle journée ! — Philippe Colmant, 1er décembre 2019.


    J’ai choisi ce texte dans La Porte [Le Petit Tas de secrets] de Pierre Perrin [la souris sur cette ligne pour lire le poème]
    La consolation que fait l’âme à la matière ? Dites ! un caillou, ça renifle ? En parler ? En écrire est moins fou ! Les vivants forment d’étranges troncs que, pour l’amour même, il ne faut pas troubler.
    Pas un jour, une nuit, pourtant, je ne parle à mes père et mère disparus, tant d’autres. Ils sont là, aussi forts que la voix des Pendus pour le poète du Moyen Âge aux bras ouverts, à la parousie de délices.
    Du Gascon au galop, catapulté par un percheron à la traverse, les trois heures de coma m’ont récuré des craintes éternelles. Merci Montaigne.
    De même Jean-Jacques, précoce à ce point attardé, que lisant Horace à cinq ans dans le texte, à cinquante, embarrassé de sa pisse, il restera le copiste qui s’interdit de mendier une pension.
    Est-il de moins nobles morts, sans âme ? Pas pour qui leur réserve un rai de mémoire !
    Quant au leurre de durer ? Le Ciel coud un corset ; l’histoire a ses trous noirs et l’art voit ses leurres défaits par l’illettrisme, ou les langues se perdre.
    Seul le souvenir, en clé de rêves, la mort venue, balbutie, rarement plus avant.
    Il n’est tombeau qui ne s’enterre.
    pour plusieurs raisons. Peut-être est-il le plus classique de tous ceux choisis pour l’édition de La Porte. C’est ainsi que j’imagine son auteur, compagnon familier des livres ayant formé son esprit et son style, évoquant un Montaigne, sûrement bien aimé ; Rousseau ou Villon ne sont là qu’en accessoires secondaires pour philosopher sur la possible existence d’une âme, surtout éternelle, dans un Ciel impitoyable bien peu religieux, même si P. Perrin lui concède une majuscule ! Même l’éternité littéraire est mise à mal, non seulement par les avanies d’un corps livré aux maux physiques dégradants, mais également par l’oubli de l’histoire littéraire ou l’ignorance des masses. S’exprime ici un constat discrètement désabusé devant l’hypothétique survie de l’Art tant espérée des artistes. Le titre, emprunté à Malraux, ruine cet espoir dès le départ par sa discrète ironie concernant les préoccupations intimes triviales des « littérateurs » évoqués. Ici ou là, l’écrivain laisse échapper une métaphore étranglant encore mieux les prétentions d’artistes en mal d’éternité : « le Ciel coud un corset » comme on coud un linceul, ou bien « l’histoire a des trous noirs » comme un abîme dans lesquels disparaîtrait toute velléité de survie glorieuse. Le style de Pierre Perrin est aussi celui de ses maîtres. Il excelle dans l’utilisation de ces questions rhétoriques dont la réponse immédiate fuse comme pour en annihiler la vanité. L’écriture en devient vive et galope comme le cheval du Gascon lui servant de modèle dans sa réflexion métaphysique et esthétique. L’usage de la parataxe condense enfin une pensée ne tombant pas dans le « trou noir » d’une histoire oubliée, mais concentrant en peu de mots la « substantifique moëlle » d’une réflexion aiguisée. Si l’auteur des Essais est son maître, La Bruyère également n’est pas loin de l’écrivain épinglant l’ineptie de son époque. — Michelle Ronin, Le Livre des visages, 26 avril 2020

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