Pierre Perrin, Des jours de pleine terre, Al Manar
Article de Jacques Morin dans Décharge le 27 décembre 2022

« Poésie 1969-2022 ». C’est dire que le volume est complet. Cinq parties jalonnent cet ensemble structuré.
Aussitôt on est frappé par la forme visuellement très classique des poèmes : des vers à majuscules distribués en strophes comptées. Des vers bien balancés allant de 10 à 14 syllabes généralement, avec des rejets et enjambements comme de juste. On semble parti pour une poésie classique, un rien monotone et ennuyeuse. Mais Pierre Perrin se sert de cet outil formaté et contraint à sa guise pour se raconter et narrer aussi bien son enfance que ses amours, ses doutes que ses indignations. Mettre une prose rutilante dans un cadre ferré.
- Des jours de pleine terre, Al Manar, octobre 2022, le recueil, les lectures, etc.
La présentation du volume chez l’éditeur
- Une page récapitulative des principaux retours, articles, dossiers et signatures
- Une note de lecture par Gwen Garnier-Duguy, in Littérature(s), Juillet 2024
- Un article par Paloma Hidalgo dans Esprit, mai 2024
- Une note de lecture par Pierrick de Chermont [3 septembre 2023
- La lecture du dossier Pierre Perrin dans Poésie/première n° 86 par Jeanne Orient
- Une lecture des deux premières sections du recueil par Yveline Vallée [août 2023]
- Réalisé par Isabelle Lévesque, un entretien pour Terre à ciel, juillet 2023
- Sept retours de Jean-Pierre Georges, Emmanuel Godo, Fabienne Schmitt, Jacqueline Saint-Jean, Raymond Perrin, Colette Fournier et Alain Duault
- Un dossier [article et entretien], dans la revue Livr’arbitres n° 41, mars 2023
- Un article d’Olivier Stroh, sur sa page Lettres, 26 mars 2023
- Les hautes terres de Pierre Perrin, par André Ughetto [12 mars 2023]
- Un article par Alain Roussel sur le site En attendant Nadeau, 8 mars 2023
- Une étude d’Emmanuelle Caminade, pour L’Or des livres, le 26 févier 2023
- Article de Ridha Bourkhis dans La Presse de Tunisie, le 23 février 2023
- Poème Hommage à René Char lu par Pierre Perrin [vidéo 1,31 mn]
- Courriel de Philippe Colmant, 7 février 2023 et courrier de J. M. Sourdillon
- Article de Daniel Guénette sur son blog québecois le 31 janvier 2023
- Courriel de René de Ceccatty, lettre de Michel Leuba et article d’Alain Nouvel sur RAP
- Jeanne Orient, texte et présentation vidéo de 6 mn 10, 19 janvier 2023
- ‘L’atelier’ lu par Marilyne Bertoncini [vidéo de 1 mn 50]
- ‘Force de l’ignorance’ lu par Catherine Humbert [vidéo de 2 mn 23]
- Jacques Morin, article pour revue Décharge, 27 décembre 2022
- Marie-Thérèse Peyrin, Le Livre des visages, 5 décembre 2022
- Retours de Virginie Megglé, d’Émile Eymard, Danièle Corre, Milouine, Marie Desvignes et Jean-Claude Martin, nov-déc. 2022
- Un choix de six poèmes par Georges Guillain, le 13 nov. 2022
- Une lecture de Georges Guillain, le 10 novembre 2022
- Une lecture de Didier Pobel, le 5 novembre 2022
- Une lecture de Gérard Mottet, le 31 octobre 2022
- Une lecture de Philippe Leuckx, le 30 octobre 2022
- Pierre Perrin, Envoi pour Des jours de pleine terre
- P. P. Éloge de la poésie [et comment je suis venu à elle]
Et d’abord les relations glaciales avec sa mère : Je ne me souviens pas de m’être assis sur ses genoux, / De m’être blotti contre sa poitrine… et plus loin : Elle fait abattre le chien qui n’a pas six mois, / Pour mes dix ans, car il mange trop… Jusqu’à son décès : Je croule de l’âme.
Ensuite, le doute, sur ses capacités d’écrivain. Avec ceci comme transition : L’âme aussi s’efface et, folle, disparaît. On la retient / Mal entre les doigts. Et cet exergue révélateur : Je n’écris pas pour vivre. / Je vis pour écrire. Également un poème appelé « Le Poète », à la troisième personne, mais qui est bel et bien un autoportrait. Ou cet autre vers catégorique : Ses pauvres mots ne vaudraient pas un pissenlit séché.
Viennent ensuite les amours. C’est là que le revuiste de Possibles réussit le mieux. Sa sensualité alliée à l’art fait merveille. J’aime souffler ton peignoir telle une buée. Il sait aligner les trois points cardinaux : « le désir, le sexe, l’amour ». Avec cette entame du poème « Évidence » : Mes jours entre tes jambes, tes nuits dans mes bras…
Suit une partie horreurs où il mêle tout ce qui lui répugne et qu’il dénonce avec virulence aussi bien « Jean le Matois », que « Caligula comtois », avec ce vers : Parfois le cou s’étranglait entre ses mains… La Grande Guerre, Tian’an men, Des gazaouis regardent le monde avec des paupières / Barbelées. L’Ukraine… Enfin un long texte consacré à Courbet, du même pays que lui, qui se conclut ainsi : Fils unique, je chéris ta mémoire comme un frère.
Dernière partie avec une recherche de l’équilibre. Exergue du poème « La Vérité au cou » : Va, mon livre, ne meurs pas, lequel se termine ainsi : du don de soi, surgit un rai de bonheur. Enfin pour renouer avec le titre : Reine du temps, ma terre, joue sur nos lèvres / berce nos jours… Et ce vers final en guise de « Salut » : C’est notre vie, ce bloc de douleurs et de joie, cet interstice, et notre mort.
Le livre est une somme (166 pages) où Pierre Perrin se livre sous toutes les coutures de sa poésie et de son être. Les tonalités se suivent et se mélangent : lyrique, pathétique, élégiaque, polémique… Plus de 50 ans de poésie en un seul livre.
Jacques Morin, sur le site de sa revue Décharge le 27 décembre 2022