
Onze nouveaux retours de lecture
à propos d’Une mère le cri retenu, Cherche midi, 2001
[durant 2022, par ordre décroissant]
« Pierre Perrin est lui et qui l’habite. Il est une recherche inextinguible vers Henriette murée entre un passé de non-vie et un après où elle crie sa non-absence. Pierre sait Henriette sans l’avoir connue et marche pas à pas à la rattraper, à donner un nom à ce qu’ils ont été. Pierre fait de ses lecteurs des parèdres de son histoire nous rappelant les flous de la mémoire et notre obstination à la recomposer. De Pierre j’ai même appris de moi. Merci et puissent nos Henriette de là où elles sont veiller sur nous qui les veillons. » — Henri-Pierre Rodriguez, Le Livre des visages, 6 octobre 2022
« J’ai trop tardé à vous adresser mes impressions après la lecture de votre Cri retenu. Sans doute suis-je encore trop ému, d’une certaine façon impressionné, perturbé par la lecture de votre ouvrage. Quête – me pardonnerez-vous le qualificatif de tragique – dont on comprend qu’elle est tout autant essentielle qu’impossible. Cette quête d’une mère, dont les racines et certaines pages de son existence me renvoient à la mienne, cependant si différente de la vôtre... J’ai été également frappé à l’égard de votre livre par la justesse et la profondeur des mots de Dan Burcea. » — Jacques Rolland, MP par Le Livre des visages du 2 octobre 2022
« Votre livre est là, je vis avec lui et votre mère, le lis et relis m'infligeant cette "torture" et ce "maelström" tout en admirant la maestria avec laquelle vous avez affronté les difficultés. Chaque paragraphe me renvoie à un souvenir et à mon propre récit. Quand les affres de la mémoire s'apaisent, je relis simplement pour goûter la richesse du style, le rythme de la phrase, la douleur devenue hymne à l'amour « retenu". + Mon propre projet (à l'état de fragments) a provoqué depuis longtemps déjà douleurs morales, affectives et psychosomatiques ! C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai accepté de me confronter à votre récit. Il me fallait savoir comment vous aviez traversé et surmonté cette épreuve car j'en avais deviné l'analogie à travers vos interventions. De même, il me fallait cerner votre démarche littéraire et écriture pour trouver la mienne. La lecture de votre récit est donc devenue plus que la curiosité d'une découverte littéraire mais un enjeu de vie ou plutôt de survie. L'arrivée du livre a même enclenché un drame familial, mais permettez-moi de rester discrète sur ce dernier point. En tout cas, cela a ouvert de multiples portes imprévues. Je ne peux, à ce jour, que témoigner de la force bouleversante de votre choix d'écriture mélangeant toutes les époques. Ma famille entière sur trois générations s'en voit traversée et remise en question. Voilà comment un objet littéraire dont chaque ligne a dû être pesée au trébuchet métamorphose la vraie vie ! Merci infiniment, Pierre » — Michelle Ronin, Le Livre des visages, 21 septembre 2022
SAISIR L’INSAISISSABLE ou LE CRI DU SILENCE
« Une effraie s’était posée peut-être sur une branche basse du prunier sous la fenêtre aux volets fermés. Elle n’appelait pas, respirant à peine. Elle devait être là, comme demeure de ma mère le silence, seul vivant, tandis que de sa mort rejaillit le cri poussé à sa naissance. Mais ce cri, de ne pas pouvoir atteindre la vie, reste silencieux. C’est notre angoisse avec ses coups de sang, ses campagnes de pâleur et, entre eux, l’accoutumance au sourire, lancés que nous sommes sur les rails de l’existence ; c’est, ce cri du silence, la lente montée, dans notre conscience, de l’impuissance à ressaisir ceux qui nous ont précédés, aggravée de la certitude que nous ne survivrons pas davantage. Et pourtant, dans le même temps, les lèvres au sourire plus ferme découvrent que “c’est bien ainsi”, et que la merveille vaut d’être étreinte, sans répit, jusqu’au dernier souffle. »
Oui, saisir l’insaisissable, Pierre Perrin sait le faire. Saisir le silence, LES silences d’une vie, la douleur de passer à côté, la douleur quand le silence s’est installé pour toujours, l’absence dans l’immense présence d’une mère.
« Les mots nous ont manqué, et ceux-ci ne peuvent pas entrer dans la terre pour t’y trouver, qui ne sont que des orphelins dans la nuit froide et noire où ils ne te traverseront jamais. »
Mais peut-être faudrait-il dire à la fois l’immense présence de son absence et l’immense absence de sa présence. Avec émotion, hier j’ai achevé de lire ce très beau roman dédié À nos mères. Car tous nous avons vécu l’inévitable incompréhension, celle des erreurs et des questions sans réponse, l’énigme de celle en qui nous avons vécu neuf mois dans la fusion.
Rejoindre et ne pas rejoindre.
Mais aussi ne pas rejoindre et rejoindre. Les mots de Pierre Perrin y parviennent. L’Écrire c’est aussi cela : saisir l’insaisissable : « Ce livre aussi terminera sa course, mais peut-être en restera-t-il comme un parfum qui s’étiole sans tout à fait mourir malgré la nuit, un peu des gestes, des lèvres, de l’âme de ma mère que j’aurai cette fois tenue entre mes bras, je crois, jusqu’à son dernier souffle » — Anne Cécile Lécuiller, Le Livre des visages, 5 septembre 2022
- Quarante-huit articles ou retours de lecture pour Une mère, le cri retenu et cinq brefs extraits du récit
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- Étude par Daniel Guénette sur son blogue, 26 juillet 2024Quel embarras pour les historiens au moment de choisir les plus beaux extraits d’Une mère, les plus représentatifs de la qualité de l’écriture de l’auteur ! Sa prose est remarquable ; par moments, on croirait lire quelques-unes des plus belles pages du répertoire français.
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- Nouveaux retours courant 2023-2024 dont un article de Pascal Adamet échos d’Annie Christy, Michel Lamart, Patricia NeverTal, Aline Angoustures, sur Le Livre des visages
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- Marie-Christine Guidon, in Florilège n° 189, décembre 2022Avec ce « cri retenu », Pierre Perrin nous fait pénétrer son intimité et ses déchirements aux accents de confession. Même si « la littérature… ne peut rien contre la mort » « l’amour est presque aussi fort que la mort ». La virtuosité du verbe, telle une corde tendue, confère une valeur holistique à cet ouvrage bouleversant qui vient bousculer les certitudes les plus « encrées ».
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- Carmen Penarum offre sa lecture du récit de Pierre Perrin le 29 octobreElle écrit entre autres que Le cri retenu était celui de la mère que son fils accueille enfin
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- Onze nouveaux articles et retours durant 2022 [ordre décroissant]Michelle Ronin, Anne Cécile Lécuiller, Dan Burcea, Anne-Marie Meneguzzo, Béatrice Courraud, Arielle Burgelin de Hugo, Flora Fleur, Jacques Roland, Henri-Pierre Rodriguez, Fabienne Schmitt.
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- Trente extraits des principaux articles et retours [ordre décroissant]Le dernier qui fut le premier : « Lisez ce livre. » – Bernard Pivot, Apostrophes, 23 février 2001.
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- Jean-Pierre Poccioni, lecture d’Une mère [oct. 2018]En conclusion, un texte qu’il faut lire pour donner un sens véritable à l’expression souvent galvaudée de littérature inclassable. Car si le talent de Pierre Perrin est indiscutable et enchante ou surprend en permanence par mille découvertes stylistiques, ce qui reste est cet engagement quasi vital, cette forte et belle aventure humaine de l’écriture.
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- Murielle Compère-Demarcy, lecture d’Une mère [sept. 2018]Ce livre n’est pas seulement un « récit » autobiographique, puisqu’il s’adresse « à nos mères », à savoir à cette figure incontournable et mystérieuse de nos singulières mythologies personnelles. « Pour l’enfant de la campagne qui se croit indésiré », lit-on en quatrième de couverture, « l’affection est rare et rude, à la mesure du mutisme, etc.
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- Alain Nouvel, À la recherche d’Une mère perdue ?Le temps fait son œuvre d’effacer puis de ramener au jour, comme peuvent le faire les saisons ou les marées. Ce cri retenu et pourtant poussé comme pousse un arbre, peut enfin se lire. Mais c’est une lecture brûlante et tourmentée, comme le fut son écriture. Ce n’est pas une lecture de tout repos, ni fluide, c’est les méandres de la mauvaise conscience, de l’orgueil, de toutes les passions humaines, comme des montagnes qui rendent les sinuosités indispensables pour que le courant progresse.
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- Joëlle Pétillot, Deuxième lecture d’Une mère, 2017Ce qui m’a touchée le plus dans ce récit est l’honnêteté, la clarté avec laquelle l’auteur parle du livre lui-même, de ce que lui coûte (ou non d’ailleurs) son récit, la remontée de ce fleuve d’ombre, ce visage aimé-haï qui n’en finit plus de se “racheter”, comme on rachète un être indocile passé un temps de l’autre côté.
“Ma mère durant tout ce temps n’habitait jamais qu’un fragment rarement porté à la lumière, si souvent sombre pourtant, de moi-même.”
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- Françoise Roubaudi, Lecture d’Une mère, 2017Dans le livre de Pierre Perrin, Une mère, je cherche la mère, selon le titre. Elle apparaît souvent, bouleversante et rugueuse : « La nuit la surprenait à l’ouvrage, les bottes lourdes, les gants maculés de terre » (page 32) Et aussi : « Elle joint à sa lettre un brin de mimosa […] Ce brin, je l’ai regardé, senti et effleuré de mes lèvres, il est rempli de mes pensées et de mon amour, en attendant de vous redire mille fois que je vous aime
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- Marie-Josée Christien, Les Cahiers du Sens n°27, juin 2017En lisant ce récit poignant de Pierre Perrin, comment ne pas adhérer à cette pensée de Baudelaire : « Le poète est un enfant qui se souvient » ? Le poète Pierre Perrin est un enfant qui « lève le voile de l’oubli, plus lourd qu’un linceul » et se souvient de ce qu’il a voulu effacer de sa mémoire. Il se souvient de son enfance rude, aux relents amers, de la sourde violence qui longtemps a occulté ses souvenirs
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- Note de Françoise Ruban sur son blogue, 8 novembre 2016
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- Note de lecture de Marie-Josée Desvignes [le 17.5.2016]Il est des livres qui réclament qu’on les rouvre à la première page, sitôt la dernière tournée. Il est des livres dont on ne comprend pas que l’on ait pu passer à côté sans les voir. Il est des livres qui longtemps nous suivent parce qu’ils parlent au-delà de l’âme, à ce qui, au plus profond de nous, n’attend que de se dire, dont l’écriture bouleverse tout autant que le propos. Une mère, Le cri retenu fait sans aucun doute partie de ceux-là…
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- Article de Philippe Leuckx sur revue Texture, 2016Les aveux sont nets et coupants comme seule la grande littérature peut inciser : s’il faut des comparaisons, citons Blesse, ronce noire de Louis-Combet ou La peau sur les os d’Hyvernaud ou encore La première habitude de Françoise Lefèvre. Puisque la grande littérature s’offre sans apprêts, glaçante s’il le faut, hallucinante de vérité…
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- Article de Marilyne Bertoncini dans Recours au poèmeDe son style-scalpel, Pierre Perrin fouille ses souvenirs, sculptant, remplaçant – par l’itération de ses boucles et reprises – l’éternité jamais atteinte de l’éternel retour. Par l’écriture, il redonne chair à un fantôme – et c’est la chair des ses mots. Par touches, comme un peintre…
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- Article d’Angèle Paoli sur Terres de femmes, 2015Un très beau livre qui touche en profondeur, tant par la qualité d’une écriture très personnelle que par l’exploration sensible des sentiments qu’elle donne à vivre. Et à partager. Une fois le livre fermé…
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- Lectures de Franck Balandier et Ève de Laudec, février 2016Au fil des interrogations adressées tout autant à sa mère qu’à lui-même dans le labyrinthe des possibles, on accoste aux nœuds de chagrin, que l’auteur tente de démêler. Il questionne sa mère plus librement depuis qu’elle est morte, et ce parcours d’écriture le conduit doucement à certaines réponses avec lesquelles il devra s’accorder, s’encorder.
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- Bernard Pivot, Didier Pobel et Claude Michel Cluny, 2002Dans l’art d’esquisser des fresques que ne renierait pas Courbet. Dans cette manière rude et douce à la fois, pieuse et révoltée aussi, de creuser des phrases comme des sillons que le narrateur traçait, enfant, cramponné aux manettes du tracteur “Pony”. […] Se souvient-on que ses bouleversantes
Chroniques d’absence étaient déjà vouées à celle qui l’engendra ? On mesurera par ce rappel toute la constance d’un écrivain qui, à jamais l’œil rivé par-delà l’épaule du néant, offre à sa génitrice – et, partant, à toutes les mères – un poignant témoignage, tout à la fois révolté et apaisé, de fidélité filiale. « La sérénité réside dans la tâche accomplie. »
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- Pierre Ceysson, Christophe Dauphin et quelques autresJ’ai relu le Cri retenu. J’en ai retrouvé l’émotion faite de déchirement, de violence, de souffrance contenue que l’écriture cadre. Les textes
poétiques sont remarquables de cristallisation sensible : sans doute, ce qu’il y a de plus “retenu”, donc de plus de plus dense et de plus “appellant” dans la lecture. Le tissage du cri (de la première à la dernière page), le début qui se rédime dans le dernier paragraphe ; le “dépecé”, le tas de fumier, les rats, le concret sous les doigts (dahlias) et le regard (séminaire, champs), les formules terribles et les titres venus de la “terreur initiale” et la culpabilité de l’abandon : tout cela m’a ému et me paraît solidement ancré profond
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- Marie-Françoise in le café littéraire luxovien, 2002Le Cri retenu, c’est celui que l’auteur voudrait qu’enfin sa mère entende à travers ces pages où il se livre, où il la livre, sans fard. Déplorant de lui avoir manqué, essayant après bien des années de la comprendre, de s’approcher par bribes de son secret emporté dans la tombe. Ces pages, il les écrit comme une confession : « L’admiration qu’elle méritait ne montait pas vers elle » ; « je t’ai martyrisée sans y penser, sans réaliser que ton cancer m’était dû. » De nature peu portée au rire…
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- Étude par Daniel Guénette sur son blogue, 26 juillet 2024Quel embarras pour les historiens au moment de choisir les plus beaux extraits d’Une mère, les plus représentatifs de la qualité de l’écriture de l’auteur ! Sa prose est remarquable ; par moments, on croirait lire quelques-unes des plus belles pages du répertoire français.
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- Nouveaux retours courant 2023-2024 dont un article de Pascal Adamet échos d’Annie Christy, Michel Lamart, Patricia NeverTal, Aline Angoustures, sur Le Livre des visages
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- Marie-Christine Guidon, in Florilège n° 189, décembre 2022Avec ce « cri retenu », Pierre Perrin nous fait pénétrer son intimité et ses déchirements aux accents de confession. Même si « la littérature… ne peut rien contre la mort » « l’amour est presque aussi fort que la mort ». La virtuosité du verbe, telle une corde tendue, confère une valeur holistique à cet ouvrage bouleversant qui vient bousculer les certitudes les plus « encrées ».
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- Carmen Penarum offre sa lecture du récit de Pierre Perrin le 29 octobreElle écrit entre autres que Le cri retenu était celui de la mère que son fils accueille enfin
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- Trente extraits des principaux articles et retours [ordre décroissant]Le dernier qui fut le premier : « Lisez ce livre. » – Bernard Pivot, Apostrophes, 23 février 2001.
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- Jean-Pierre Poccioni, lecture d’Une mère [oct. 2018]En conclusion, un texte qu’il faut lire pour donner un sens véritable à l’expression souvent galvaudée de littérature inclassable. Car si le talent de Pierre Perrin est indiscutable et enchante ou surprend en permanence par mille découvertes stylistiques, ce qui reste est cet engagement quasi vital, cette forte et belle aventure humaine de l’écriture.
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- Murielle Compère-Demarcy, lecture d’Une mère [sept. 2018]Ce livre n’est pas seulement un « récit » autobiographique, puisqu’il s’adresse « à nos mères », à savoir à cette figure incontournable et mystérieuse de nos singulières mythologies personnelles. « Pour l’enfant de la campagne qui se croit indésiré », lit-on en quatrième de couverture, « l’affection est rare et rude, à la mesure du mutisme, etc.
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- Alain Nouvel, À la recherche d’Une mère perdue ?Le temps fait son œuvre d’effacer puis de ramener au jour, comme peuvent le faire les saisons ou les marées. Ce cri retenu et pourtant poussé comme pousse un arbre, peut enfin se lire. Mais c’est une lecture brûlante et tourmentée, comme le fut son écriture. Ce n’est pas une lecture de tout repos, ni fluide, c’est les méandres de la mauvaise conscience, de l’orgueil, de toutes les passions humaines, comme des montagnes qui rendent les sinuosités indispensables pour que le courant progresse.
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- Joëlle Pétillot, Deuxième lecture d’Une mère, 2017Ce qui m’a touchée le plus dans ce récit est l’honnêteté, la clarté avec laquelle l’auteur parle du livre lui-même, de ce que lui coûte (ou non d’ailleurs) son récit, la remontée de ce fleuve d’ombre, ce visage aimé-haï qui n’en finit plus de se “racheter”, comme on rachète un être indocile passé un temps de l’autre côté. “Ma mère durant tout ce temps n’habitait jamais qu’un fragment rarement porté à la lumière, si souvent sombre pourtant, de moi-même.”
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- Françoise Roubaudi, Lecture d’Une mère, 2017Dans le livre de Pierre Perrin, Une mère, je cherche la mère, selon le titre. Elle apparaît souvent, bouleversante et rugueuse : « La nuit la surprenait à l’ouvrage, les bottes lourdes, les gants maculés de terre » (page 32) Et aussi : « Elle joint à sa lettre un brin de mimosa […] Ce brin, je l’ai regardé, senti et effleuré de mes lèvres, il est rempli de mes pensées et de mon amour, en attendant de vous redire mille fois que je vous aime
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- Marie-Josée Christien, Les Cahiers du Sens n°27, juin 2017En lisant ce récit poignant de Pierre Perrin, comment ne pas adhérer à cette pensée de Baudelaire : « Le poète est un enfant qui se souvient » ? Le poète Pierre Perrin est un enfant qui « lève le voile de l’oubli, plus lourd qu’un linceul » et se souvient de ce qu’il a voulu effacer de sa mémoire. Il se souvient de son enfance rude, aux relents amers, de la sourde violence qui longtemps a occulté ses souvenirs
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- Note de Françoise Ruban sur son blogue, 8 novembre 2016
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- Note de lecture de Marie-Josée Desvignes [le 17.5.2016]Il est des livres qui réclament qu’on les rouvre à la première page, sitôt la dernière tournée. Il est des livres dont on ne comprend pas que l’on ait pu passer à côté sans les voir. Il est des livres qui longtemps nous suivent parce qu’ils parlent au-delà de l’âme, à ce qui, au plus profond de nous, n’attend que de se dire, dont l’écriture bouleverse tout autant que le propos. Une mère, Le cri retenu fait sans aucun doute partie de ceux-là…
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- Article de Philippe Leuckx sur revue Texture, 2016Les aveux sont nets et coupants comme seule la grande littérature peut inciser : s’il faut des comparaisons, citons Blesse, ronce noire de Louis-Combet ou La peau sur les os d’Hyvernaud ou encore La première habitude de Françoise Lefèvre. Puisque la grande littérature s’offre sans apprêts, glaçante s’il le faut, hallucinante de vérité…
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- Article de Marilyne Bertoncini dans Recours au poèmeDe son style-scalpel, Pierre Perrin fouille ses souvenirs, sculptant, remplaçant – par l’itération de ses boucles et reprises – l’éternité jamais atteinte de l’éternel retour. Par l’écriture, il redonne chair à un fantôme – et c’est la chair des ses mots. Par touches, comme un peintre…
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- Article d’Angèle Paoli sur Terres de femmes, 2015Un très beau livre qui touche en profondeur, tant par la qualité d’une écriture très personnelle que par l’exploration sensible des sentiments qu’elle donne à vivre. Et à partager. Une fois le livre fermé…
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- Lectures de Franck Balandier et Ève de Laudec, février 2016Au fil des interrogations adressées tout autant à sa mère qu’à lui-même dans le labyrinthe des possibles, on accoste aux nœuds de chagrin, que l’auteur tente de démêler. Il questionne sa mère plus librement depuis qu’elle est morte, et ce parcours d’écriture le conduit doucement à certaines réponses avec lesquelles il devra s’accorder, s’encorder.
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- Bernard Pivot, Didier Pobel et Claude Michel Cluny, 2002Dans l’art d’esquisser des fresques que ne renierait pas Courbet. Dans cette manière rude et douce à la fois, pieuse et révoltée aussi, de creuser des phrases comme des sillons que le narrateur traçait, enfant, cramponné aux manettes du tracteur “Pony”. […] Se souvient-on que ses bouleversantes Chroniques d’absence étaient déjà vouées à celle qui l’engendra ? On mesurera par ce rappel toute la constance d’un écrivain qui, à jamais l’œil rivé par-delà l’épaule du néant, offre à sa génitrice – et, partant, à toutes les mères – un poignant témoignage, tout à la fois révolté et apaisé, de fidélité filiale. « La sérénité réside dans la tâche accomplie. »
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- Pierre Ceysson, Christophe Dauphin et quelques autresJ’ai relu le Cri retenu. J’en ai retrouvé l’émotion faite de déchirement, de violence, de souffrance contenue que l’écriture cadre. Les textes poétiques sont remarquables de cristallisation sensible : sans doute, ce qu’il y a de plus “retenu”, donc de plus de plus dense et de plus “appellant” dans la lecture. Le tissage du cri (de la première à la dernière page), le début qui se rédime dans le dernier paragraphe ; le “dépecé”, le tas de fumier, les rats, le concret sous les doigts (dahlias) et le regard (séminaire, champs), les formules terribles et les titres venus de la “terreur initiale” et la culpabilité de l’abandon : tout cela m’a ému et me paraît solidement ancré profond
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- Marie-Françoise in le café littéraire luxovien, 2002Le Cri retenu, c’est celui que l’auteur voudrait qu’enfin sa mère entende à travers ces pages où il se livre, où il la livre, sans fard. Déplorant de lui avoir manqué, essayant après bien des années de la comprendre, de s’approcher par bribes de son secret emporté dans la tombe. Ces pages, il les écrit comme une confession : « L’admiration qu’elle méritait ne montait pas vers elle » ; « je t’ai martyrisée sans y penser, sans réaliser que ton cancer m’était dû. » De nature peu portée au rire…
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« Je voudrais qu’à défaut de vivre tu te sentes libre dans ce livre » Pierre Perrin Selon Pierre Perrin, Une mère – Le cri retenu est le fruit d’un silence capable de l’élever jusqu’à la lucarne qui lui permettra de toucher par le jeux de miroirs l’amplitude panoramique où se dérobe devant les yeux assoiffés de sa mémoire la figure de la mère absente. Il pourrait répéter à dessein avec Balzac qu’il n’y a rien de plus complet que le silence, pourtant son voyage reste une descente « dans le puits des années mortes », un effort de Sisyphe souterrain abritant l’écho de la voix dostoïevskienne des Carnets du sous-sol pour combler le gouffre sans fond qu’est devenue l’image de la figure maternelle qu’il tente de ressusciter. Dan Burcea, Lettres Capitales, 26 juin 2022 |
Je suis avec Pierre et Une mère le cri retenu.
Ou je suis avec une mère en souffrance et Pierre.
Pierre l’enfant mal-aimé. Toute son enfance n’est que Chaos. La guerre emporte dans sa fumée de mort son père. Cet homme mal aimé ou aimé pudiquement, cet homme qui du matin au soir œuvrait sur les terres, afin d’ apporter une vie dans son foyer.
Pierre parcoure les secrets de vies, celles de feuilles jaunies par les années. Pour lui tout est en noir et blanc .
Pour nous il a arrêté le temps.
Pierre raconte Sa mère.
Femme froide, jamais un regard pour lui, jamais un câlin. Cet enfant d’antan, où tout n’était que pudeur et tabou. Beaucoup de parents ne montraient aucun signe de faiblesse aux enfants. Ils les rendaient plus forts.
Pierre Perrin vit une enfance dans le monde de la terre des paysans, ses travaux répétitifs de la ferme et des champs.
Je dirai que son enfance est tabou. Manque d’amour maternelle. Une enfance comme beaucoup d’enfants aujourd’hui connaissent, je dirai, par les divorces et bien plus encore.
Rose, la mère de l’auteur était une femme de caractère et soumise à ce monde rude. Son fils fut pris dans cet étau. Pierre s’est élevé sans bisous ni câlins. Pas de baisers, pas de tendresse entre la mère et l’enfant.
Et pourtant.
Maman n’était pas si heureuse que cela.
Je vous laisse lire entre les lignes de Pierre.
Tous ces mots sont un champ de mines. Il faut les désamorcer un part un.
Pour comprendre l’ histoire de Pierre vous devez vous placer sur chaque virgule, chaque point afin que toutes ses phrases soient finalement, non « le cri retenu » mais l’appel à l’amour. Les Incompris.
Un roman écrit avec des larmes et non de l’encre. On y retrouve Courbet en page 49.
Un roman de vie et de mort à travers des âmes que le destin a choisies comme cible.
Merci Pierre pour ce voyage difficile d’une époque où la lavande et le savon de Marseille caressaient les mains des lavandières. — Marie Meneguzzo, Le Livre des visages, 21 juin 2022
« Une mère, le cri retenu de Pierre Perrin, c’est l’âpreté d’une enfance dans le monde de la paysannerie, de la ruralité, du dur labeur qui rappelle les ouvrages de l’écrivaine Marie-Hélène Lafon, notamment « Joseph », des univers peuplés de solitude. Celui de Pierre Perrin remonte à la première moitié du XXe siècle, mais nous avons l’impression que ce monde-là est resté figé dans le temps, avec ses travaux répétitifs de la ferme et des champs, ses maisons fermés aux regards, ses secrets farouchement gardés.
Pierre Perrin s’acharne à dire, dans sa belle écriture ciselée, ce qui en lui enfant fut touché dans les multiples strates et soubassements de son être, dans ses profondeurs abyssales, dans les déchirures des relations familiales. Une enfance qui lui fut volée par manque d’amour maternel. Une enfance qui fut empêchée, entravée par le propre malheur des parents.
«Elevé dans le silence, le silence m’élève peut-être où ma mère m’a porté. Il n’est aucun sésame. Elle est là, derrière ma tête, tout près de mon épaule, mais j’ai beau promener un miroir alentour, il reste vierge de mon souffle, solitaire. » (p. 59)
Pierre Perrin a grandi parmi les hommes et les femmes rudes, taiseux, attachés à leur terre, leurs bêtes, mais pas aux humains. Un monde où les femmes sont sacrifiées, muselées, assignées à résidence. La mère de l’auteur le fut malgré ses désirs de liberté dans sa jeunesse. Elle tenta d’échapper à l’enfermement, à la soumission, mais, sans que l’on comprenne vraiment pourquoi, elle y retourna, s’y englua, sous le poids des traditions, de la famille, de l’église, elle y perdit son âme. Son fils fut pris dans cet étau de non- dits, d’impossibles échanges, de gestes fracturés, interdits. Pas de baisers, pas de tendresse entre la mère et l’enfant. Et pourtant l’amour a existé comme par effraction. L’enfant a pu se glisser entre les failles et arracher quelques fugaces moments d’apaisement lors de rares échanges. Il a pu fuir la tristesse en enfourchant son vélo et en courant à travers champs, et calmer sa colère par des escapades.
Parfois le fils tente de briser la chape de plomb, ose une parole, un geste envers la mère, mais elle ne semble ne pas entendre, ne pas sentir, semble ne pas recevoir. Malgré tout, l’amour a existé dans ’le cri retenu". C’est un cri à jamais suspendu qui générera chez Pierre Perrin une soif inextinguible de lecture, le désir impérieux d’écriture, pour échapper au malheur, nouer des fils, tisser des liens à partir de ce manque, de cette absence, de l’encerclement mortifère, faire surgir ce cri d’amour, comme une naissance, une délivrance. Cela n’a été possible que longtemps après la mort de la mère, par un travail de mémoire, de reconstruction. Une mémoire qui s’ouvre sur le personnage fantomatique de la mère qui avait enfoui en elle tant d’espérance et de douleur et à qui l’auteur a su, magiquement, avec ses mots à lui, rendre souffle et vie. » — Béatrice Courraud, Le Livre des visages, 6 juin 2022
« Pour l’enfant de la campagne qui se croit indésiré l’affection est rare et rude, à la mesure du mutisme qu’on lui oppose. Le cri retenu est le titre juste de cette histoire familiale d’une extrême dureté ;le chien coûte trop cher, la mère lui hache la tête. Une bouche en moins à nourrir. Comment l’auteur Pierre Perrin est passé de ce milieu mutique, s’est construit vaille que vaille, et est devenu professeur des lettres. J’ai été très secouée par ce livre que je recommande vivement. » — Arielle Burgelin de Hugo, Le Livre des visages, 6 juin 2022.
J’ai terminé avec émotion votre livre Le cri du silence, vous m’avez happée par votre initiation à la nage au cœur de votre maman-mère et au cœur de vous même ; vos phrases simples, qui éclaboussent, votre poésie qui résonne, un cheminement universel grâce à votre générosité relevée et un cadeau personnel que votre livre sur mon chemin avec ma mère. — Flora Fleur, Le Livre des visages, 22 mai 2022.
Lire Pierre Perrin, c’est entrer par la grande porte dans la littérature. Ce subtil poète travaille avec dextérité la langue française telles la composition et la nuance, un peintre de métier. Ecrire sur une mère qui ne vous a apporté aucun amour relève d’une gageure ou d’un pari hasardeux, mais pari gagné grâce à ce récit qui touche la beauté rare de l’intime. « Allongée dans cette même pièce, toilettée dans un rai de soleil, revêtue d’une robe aussi sombre, sans doute veillée par les mêmes plantes, ma mère, inconcevablement s’est effacée de ma mémoire. Elle avait tant souffert, elle avait tant couchée avec la mort en elle, tandis que sans répit depuis des mois et des mois d’invisibles corbeaux lui avaient déchiqueté le visage, que je parlais moi-même sans frémir de sa délivrance ». — François Pagé [peintre], Le Livre des visages, 21 mai 2022