Article de Pascal Adam et échos d’Annie Christy, Michel Lamart, Patricia NeverTal, Aline Angoustures, à Une mère, le Cri retenu
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  • Article de Pascal Adam
    pour Une mère, le Cri retenu
    Échos d’Annie Christy, Michel Lamart, Patricia NeverTal, Aline Angoustures

    couv. Une mère, chez l’éditeur

    La prose de Pierre Perrin ressemble terriblement à ses vers. Elle est âpre, unique, rapide. Elle affirme, même le doute ; elle dit. Je dirais qu’elle ne fait pas de cadeau — l’auteur, en tout cas, ne s’en fait pas. Toute cette densité donne une vraie puissance tragique à ce qui est moins un récit, malgré l’annonce en couverture, qu’une plongée, ou mieux encore : une série de plongées, dans les abîmes de l’oubli et les dédales de la mémoire. Car enfin il s’agit, plongée après plongée dans la campagne de Franche-Comté de l’immédiat après-guerre, puisque la seule chronologie est celle de l’écriture, rien moins que de remonter, comme on peut, petit à petit si j’ose dire, la mère de l’auteur ; certes vient avec elle le père du poète — et tout un monde ancien, dur au mal, au point de disparaître. Il semble que de leur vivant, le père ait été très aimé, la mère beaucoup moins, de refuser au fils toute manifeste tendresse ; et que le travail du temps ait tendu à inverser cette polarité, sans bien qu’on sache si le temps rend justice ou simplement nous change, puisque notre nature, hélas, tant mieux, est de changer sans cesse, du moins jusqu’à la mort. Mais la nécessité pour Perrin de ramener parmi nous cette mère ne souffre pas discussion. Il semble toutefois hésiter lui-même, non sans raison, entre les mots de résurrection (en lui) et de tombeau (dans le livre qui s’écrit). Étrange, quoique la mise à distance puisse être compréhensible, est à la fin cette avarice onomastique, j’aurais pu dire cette crainte du nom, qui fait que le père, la mère, les gens, les lieux familiers ne sont pas (ou vraiment très peu, Paris, la Poméranie) nommés ; et seul demeure après tout sur la couverture celui-là du poète.

    Pascal Adam, 11 août 2024 [sur son site ciels de synthèse].


    « Cher Pierre, j’ai terminé votre livre dédié à votre mère.
    Il m’a tellement émue. Quelle force, j’ai pensé au tableau de Munch le cri.
    Quelle tendresse aussi.
    Vous y êtes tout entier.
    Votre mère vous adorait mais n’a jamais su le dire ou l’exprimer par des gestes de tendresse.
    Quelle attente…. Et pourtant… vous lui devez tout, vous lui devez ce que vous êtes devenu, un écrivain, un poète, vous aviez tant à dire à partager.
    Votre livre m’a profondément troublé  Annie Christy, Le Livre des visages, 25 janvier 2024

    Je viens de terminer la lecture de Une mère Le cri retenu, ouvrage bouleversant qui m’a emporté dans cette quête d’amour impossible, douloureuse mais sans dolorisme, qui a, néanmoins, révélé l’écrivain que vous êtes. Et avec quelle force! Je le range à côté du livre d’A. Cohen, Le livre de ma mère (« Dieu merci, les pécheurs vivants deviennent vite des morts offensés. »). Je ne puis m’empêcher de citer Barthes: « L’écrivain est celui qui joue avec le corps de sa mère : pour le glorifier, l’embellir, ou pour le dépecer, le porter à la limite de ce qui, du corps, peut être reconnu… » (Le Plaisir du texte). Mes Vapeurs d’enfance – que vous avez dû recevoir – rendent, à ma manière, le même hommage à l’Unique, la Première, la Seule (?)... De cœur avec vous. – Michel Lamart, Le Livre des visages, 20 octobre 2023

    « J’ai fait une très belle découverte. Il y a bien longtemps qu’un livre ne m’avait pas autant remuée. On ne referme pas indemne Une mère – Le cri retenu de Pierre Perrin. Le récit, qui se déroule au fil des méandres des sentiments tourmentés et des souvenirs de l’auteur est extrêmement poignant, bouleversant, évocateur aussi d’un monde rural et d’une époque disparus. Souvent, après la lecture d’un passage, je ressens le besoin de faire une pause, de refermer le livre pour mieux prendre toute la mesure et la puissance tragique de ce que je viens de lire… Chant d’amour pour la mère, expression d’une insurmontable blessure, de la déception, mais aussi sentiments de trahison et de culpabilité alors qu’elle n’est plus. – Patricia NeverTal, Le Livre des visages, fin mai 2023, réitéré le 6.9.23.

    « J’ai lu cet été le livre de Pierre Perrin Une mère, Le cri retenu paru chez le cherche midi éditeur. Merci à lui pour ce livre bouleversant. Dédié à nos mères ce récit retisse avec des mots le lien perdu avec la sienne. Du dernier soupir auquel il n’a, par accident, pas assisté : « je ne refermerai plus jamais mes bras sur elle qui avait appelé sans repos, jusqu’à son dernier souffle, vers trois heures, son unique enfant qui aurait dû venir. Y-a-t-il une heure pour être abandonné ? », il revient sur ce constat terrible « un mur plus vaste que le désespoir nous a séparés vivants. »
    Il y a dans ce livre d’une grande puissance, un parfum, des gestes, l’âme d’une femme d’une autre époque, blessée dans ses élans amoureux, dure au mal et dure avec son fils. Une demande d’amour et un don, malgré toutes les blessures comme la mise à mort si terrible d’un petit chien, du compagnon tant aimé. Un chemin pour, cette fois tenir dans ses bras « l’âme de sa mère ».
    « L’éclair d’amour est capable de traverser, par exceptions, le noyau qu’est chaque être humain. L’intelligence de cette sensation-là surpasse la sensation de l’intelligence, elle n’a pas de prix. À seulement penser les délices comme les blessures, il manque l’air qu’on respire, le paysage entre les cils, la voix qui articule le désir, tout ce qui fait de l’homme autre chose qu’un pantin, fût-il de pur éclat. »
    Merci pour ce magnifique livre. – Aline Angoustures, Le Livre des visages, 17 août 2023

    Étude par Daniel Guénette reprise de son blogue, 26 juillet 2024

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