Échos de M.-J. Christien, C. Fournier, J.-Y. Masson, Cl. Fourier
après lecture d’Une mère, le Cri retenu
En lisant ce récit poignant de Pierre Perrin, comment ne pas adhérer à cette pensée de Baudelaire : « Le poète est un enfant qui se souvient » ? Le poète Pierre Perrin est un enfant qui « lève le voile de l’oubli, plus lourd qu’un linceul » et se souvient de ce qu’il a voulu effacer de sa mémoire. Il se souvient de son enfance rude, aux relents amers, de la sourde violence qui longtemps a occulté ses souvenirs, d’une mère indifférente et sans affection, au sourire rare, aux mots secs et revêches. Il se souvient qu’il fut un enfant pauvre de la campagne, toujours rabroué, rudoyé, mal aimé, puis un adolescent mutique et révolté, mais aussi un cruel « garnement au cœur dépecé » et sec. Des photos et papiers jaunis retrouvés dans de vieilles boîtes, surgit sans crier gare une cascade de souvenirs : « C’est un gouffre que la mémoire ; plus on le remplit, plus il se creuse : il n’a pas de fond ». L’écrivain qu’il est devenu trouve enfin un peu d’empathie pour cette femme triste à « l’éternel fichu gris sur la tête », qui « aura traversé sa vie comme un continent, sans une confidence », dans le sacerdoce d’un veuvage précoce. Vingt ans après la mort de sa mère emportée dans la solitude par un cancer, il se demande comment la petite fille, vive, intelligente et aimant l’école, est devenue cette femme triste et sèche. Sa rage s’est apaisée : « Il m’a fallu ce temps pour que mes racines te retrouvent ». Remontant les années de la vie de sa mère, il découvre une jeune fille inconnue, Rose, sacrifiée, retirée de l’école à l’âge de douze ans, « rose tôt coupée dans sa jeunesse » pour épouser le destin de ceux qui courbent l’échine. L’« attentat à l’intelligence, orchestré par les élites d’alors » la transforme en femme désenchantée et résignée, jetée à la pauvreté, travaillant durement à la ferme de l’aube au soir, courageuse et digne malgré tout. Dans une réconciliation posthume, il « frotte les mots comme des silex », ces mots qui leur ont manqué pour dire la tendresse : « Écrire, c’est aussi marcher sur ces traînées, une torche à la main ». De tous leurs mots tus, il recrée sa mère dans « ce livre où [il l’]enfante à l’envers », où il rend grâce à la mémoire, à la parole et à l’écriture. — Marie-Josée Christien, Les Cahiers du Sens n°27, éditions de l’Athanor, juin 2017
- Quarante-quatre articles ou retours de lecture pour Une mère, le cri retenu et cinq brefs extraits du récit
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- Nouveaux retours courant 2023Échos de Patricia NeverTal, Aline Angoustures, sur Le Livre des visages
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- Marie-Christine Guidon, in Florilège n° 189, décembre 2022Avec ce « cri retenu », Pierre Perrin nous fait pénétrer son intimité et ses déchirements aux accents de confession. Même si « la littérature… ne peut rien contre la mort » « l’amour est presque aussi fort que la mort ». La virtuosité du verbe, telle une corde tendue, confère une valeur holistique à cet ouvrage bouleversant qui vient bousculer les certitudes les plus « encrées ».
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- Carmen Penarum offre sa lecture du récit de Pierre Perrin le 29 octobreElle écrit entre autres que Le cri retenu était celui de la mère que son fils accueille enfin
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- Onze nouveaux articles et retours durant 2022 [ordre décroissant]Michelle Ronin, Anne Cécile Lécuiller, Dan Burcea, Anne-Marie Meneguzzo, Béatrice Courraud, Arielle Burgelin de Hugo, Flora Fleur, Jacques Roland, Henri-Pierre Rodriguez, Fabienne Schmitt.
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- Trente extraits des principaux articles et retours [ordre décroissant]Le dernier qui fut le premier : « Lisez ce livre. » – Bernard Pivot, Apostrophes, 23 février 2001.
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- Jean-Pierre Poccioni, lecture d’Une mère [oct. 2018]En conclusion, un texte qu’il faut lire pour donner un sens véritable à l’expression souvent galvaudée de littérature inclassable. Car si le talent de Pierre Perrin est indiscutable et enchante ou surprend en permanence par mille découvertes stylistiques, ce qui reste est cet engagement quasi vital, cette forte et belle aventure humaine de l’écriture.
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- Murielle Compère-Demarcy, lecture d’Une mère [sept. 2018]Ce livre n’est pas seulement un « récit » autobiographique, puisqu’il s’adresse « à nos mères », à savoir à cette figure incontournable et mystérieuse de nos singulières mythologies personnelles. « Pour l’enfant de la campagne qui se croit indésiré », lit-on en quatrième de couverture, « l’affection est rare et rude, à la mesure du mutisme, etc.
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- Alain Nouvel, À la recherche d’Une mère perdue ?Le temps fait son œuvre d’effacer puis de ramener au jour, comme peuvent le faire les saisons ou les marées. Ce cri retenu et pourtant poussé comme pousse un arbre, peut enfin se lire. Mais c’est une lecture brûlante et tourmentée, comme le fut son écriture. Ce n’est pas une lecture de tout repos, ni fluide, c’est les méandres de la mauvaise conscience, de l’orgueil, de toutes les passions humaines, comme des montagnes qui rendent les sinuosités indispensables pour que le courant progresse.
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- Joëlle Pétillot, Deuxième lecture d’Une mère, 2017Ce qui m’a touchée le plus dans ce récit est l’honnêteté, la clarté avec laquelle l’auteur parle du livre lui-même, de ce que lui coûte (ou non d’ailleurs) son récit, la remontée de ce fleuve d’ombre, ce visage aimé-haï qui n’en finit plus de se “racheter”, comme on rachète un être indocile passé un temps de l’autre côté. “Ma mère durant tout ce temps n’habitait jamais qu’un fragment rarement porté à la lumière, si souvent sombre pourtant, de moi-même.”
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- Françoise Roubaudi, Lecture d’Une mère, 2017Dans le livre de Pierre Perrin, Une mère, je cherche la mère, selon le titre. Elle apparaît souvent, bouleversante et rugueuse : « La nuit la surprenait à l’ouvrage, les bottes lourdes, les gants maculés de terre » (page 32) Et aussi : « Elle joint à sa lettre un brin de mimosa […] Ce brin, je l’ai regardé, senti et effleuré de mes lèvres, il est rempli de mes pensées et de mon amour, en attendant de vous redire mille fois que je vous aime
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- Marie-Josée Christien, Les Cahiers du Sens n°27, juin 2017En lisant ce récit poignant de Pierre Perrin, comment ne pas adhérer à cette pensée de Baudelaire : « Le poète est un enfant qui se souvient » ? Le poète Pierre Perrin est un enfant qui « lève le voile de l’oubli, plus lourd qu’un linceul » et se souvient de ce qu’il a voulu effacer de sa mémoire. Il se souvient de son enfance rude, aux relents amers, de la sourde violence qui longtemps a occulté ses souvenirs
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- Note de Françoise Ruban sur son blogue, 8 novembre 2016
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- Note de lecture de Marie-Josée Desvignes [le 17.5.2016]Il est des livres qui réclament qu’on les rouvre à la première page, sitôt la dernière tournée. Il est des livres dont on ne comprend pas que l’on ait pu passer à côté sans les voir. Il est des livres qui longtemps nous suivent parce qu’ils parlent au-delà de l’âme, à ce qui, au plus profond de nous, n’attend que de se dire, dont l’écriture bouleverse tout autant que le propos. Une mère, Le cri retenu fait sans aucun doute partie de ceux-là…
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- Article de Philippe Leuckx sur revue Texture, 2016Les aveux sont nets et coupants comme seule la grande littérature peut inciser : s’il faut des comparaisons, citons Blesse, ronce noire de Louis-Combet ou La peau sur les os d’Hyvernaud ou encore La première habitude de Françoise Lefèvre. Puisque la grande littérature s’offre sans apprêts, glaçante s’il le faut, hallucinante de vérité…
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- Article de Marilyne Bertoncini dans Recours au poèmeDe son style-scalpel, Pierre Perrin fouille ses souvenirs, sculptant, remplaçant – par l’itération de ses boucles et reprises – l’éternité jamais atteinte de l’éternel retour. Par l’écriture, il redonne chair à un fantôme – et c’est la chair des ses mots. Par touches, comme un peintre…
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- Article d’Angèle Paoli sur Terres de femmes, 2015Un très beau livre qui touche en profondeur, tant par la qualité d’une écriture très personnelle que par l’exploration sensible des sentiments qu’elle donne à vivre. Et à partager. Une fois le livre fermé…
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- Lectures de Franck Balandier et Ève de Laudec, février 2016Au fil des interrogations adressées tout autant à sa mère qu’à lui-même dans le labyrinthe des possibles, on accoste aux nœuds de chagrin, que l’auteur tente de démêler. Il questionne sa mère plus librement depuis qu’elle est morte, et ce parcours d’écriture le conduit doucement à certaines réponses avec lesquelles il devra s’accorder, s’encorder.
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- Bernard Pivot, Didier Pobel et Claude Michel Cluny, 2002Dans l’art d’esquisser des fresques que ne renierait pas Courbet. Dans cette manière rude et douce à la fois, pieuse et révoltée aussi, de creuser des phrases comme des sillons que le narrateur traçait, enfant, cramponné aux manettes du tracteur “Pony”. […] Se souvient-on que ses bouleversantes Chroniques d’absence étaient déjà vouées à celle qui l’engendra ? On mesurera par ce rappel toute la constance d’un écrivain qui, à jamais l’œil rivé par-delà l’épaule du néant, offre à sa génitrice – et, partant, à toutes les mères – un poignant témoignage, tout à la fois révolté et apaisé, de fidélité filiale. « La sérénité réside dans la tâche accomplie. »
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- Pierre Ceysson, Christophe Dauphin et quelques autresJ’ai relu le Cri retenu. J’en ai retrouvé l’émotion faite de déchirement, de violence, de souffrance contenue que l’écriture cadre. Les textes poétiques sont remarquables de cristallisation sensible : sans doute, ce qu’il y a de plus “retenu”, donc de plus de plus dense et de plus “appellant” dans la lecture. Le tissage du cri (de la première à la dernière page), le début qui se rédime dans le dernier paragraphe ; le “dépecé”, le tas de fumier, les rats, le concret sous les doigts (dahlias) et le regard (séminaire, champs), les formules terribles et les titres venus de la “terreur initiale” et la culpabilité de l’abandon : tout cela m’a ému et me paraît solidement ancré profond
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- Marie-Françoise in le café littéraire luxovien, 2002Le Cri retenu, c’est celui que l’auteur voudrait qu’enfin sa mère entende à travers ces pages où il se livre, où il la livre, sans fard. Déplorant de lui avoir manqué, essayant après bien des années de la comprendre, de s’approcher par bribes de son secret emporté dans la tombe. Ces pages, il les écrit comme une confession : « L’admiration qu’elle méritait ne montait pas vers elle » ; « je t’ai martyrisée sans y penser, sans réaliser que ton cancer m’était dû. » De nature peu portée au rire…
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Il n’est pas besoin de lire beaucoup pour saisir un ton, un style, une sincérité. Ce qui sépare l’intention de bien faire de l’écriture de l’écrivain. Je suis donc saisie par ta justesse, par ce qui s’écrit au-delà des mots. […] J’aime ton livre parce qu’il aborde cet impossible lien entre un parent et son enfant. Cette histoire qui ne peut rien combler parce que nous n’y sommes pas prêts. Cette incapacité que nous avons à aimer sur l’instant quoi qu’on veuille, c’est toujours demain, c’est toujours trop tard que l’on sent ce qu’il aurait fallu être, mais c’est ainsi que nous sommes vivants. J’aime que tu le fasses avec ta sincérité qui ne t’épargne pas, sans non plus t’accabler. J’aime cette justesse sans pathos, sensible, crue, résonnante et je vais continuer à aller à ta rencontre ainsi. Merci. — Colette Fournier, courriel du 29 janvier 2017
« Magnifique livre, plusieurs fois relu. » — Jean-Yves Masson, Le Livre des visages, 4 mai 2016, 01 h 07
Ayant fait aménager de nouveaux rayonnages, j’ai retrouvé hier ce livre et l’ai relu. Oui, une écriture riche. Je veux dire : une narration continûment nouée à la réflexion et solidement ancrée dans la sensibilité. Images, aphorismes. « La bonté est sans pitié » … « Le voile de l’oubli pèse plus qu’un linceul » …« La tendresse – atroce – de rester sans objet » … Une langue juste, dynamique et cadencée pour dire l’amour jamais assez à la hauteur d’un fils pour sa mère. (Elle me rappelle la qualité des pages écrites par Armand Robin sur sa mère.) — Claire Fourier, Le Livre des visages, 17 avril 2016, 19 h 16