Lectures de Jean-Yves Debreuille et Jeanne Boudry
à propos du Modèle oublié, éditions Robert Laffont, avril 2019
Me voici au bout du Modèle oublié, et je veux te dire tout l’intérêt que j’y ai trouvé. L’âpreté de ton écriture, dont tu as déjà donné maints exemples, fait merveille pour camper ce personnage complexe, sûr de sa valeur et capable de tout gâcher, âpre au gain et idéaliste, jouisseur et délicat, rural et dandy, voulant tout embrasser sans se laisser capter par l’étreinte. C’est peut-être parce qu’il est jurassien comme toi que tu l’as si bien senti. Mais le pas de côté le plus intéressant est sans doute de n’avoir pas placé au centre de ta propre composition le peintre, mais cette Virginie, pour laquelle tu ne dis jamais ta tendresse dans la volonté d’être aussi rugueux que ton propre modèle. Ton art du raccourci stylistique fait alors merveille, laissant le lecteur abasourdi dans des télescopages dont on sent bien que là se cache le secret de l’art et de l’émotion. Les sous-titres eux-mêmes, parfois aussi naïvement descriptifs que ceux qui sortiraient d’un livre d’histoire, parfois aussi plein de promesses que des titres de tableaux, parfois lourds d’un drame à venir. Pour ceux qui te lisent depuis longtemps, Le Modèle oublié rejoint alors La Vie crépusculaire, dans un effarement devant la rudesse et la cruauté du monde dont l’écrivain que tu es sait que, s’il a le mouvoir et le devoir d’en rendre compte, il n’a pas celui de l’adoucir. Que tu aies introduit Baudelaire en tiers exclu dit bien que ton livre est aussi une réflexion sur l’art et la littérature, sur leurs efforts dérisoires pour nous aider à vivre. Le geste iconoclaste des braves paysans comtois qui achève ton roman fait penser à la réflexion désabusée, scandaleuse pour les lettrés que nous prétendons être – de Rimbaud ayant renoncé à son œuvre : « C’était mal ».
Jean-Yves Debreuille, courriel du 4 juin 2019
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- Article de Didier Pobel dans Quinzaines n° 1215 en kiosque début juin 2019
- Parme Ceriset, « statut » après lecture du Modèle oublié, le 4 juin 2019
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Peut-on être objectif au sujet d’un roman écrit par un ami ? Oui, si l’on se base sur l’envie que l’on a, chaque soir, de retrouver les personnages qu’on a quittés à regret la veille, le sommeil dictant sa loi. Ce n’est pas le suspense qui motive la lecture, car dans le livre de Pierre, dès le titre, le sort de Virginie est scellé. On n’est pas curieux de savoir si oui ou non elle tombera enceinte : on connaît le nom de son enfant. La question n’est pas de savoir si cet enfant aura un père : on sait que d’Émile non plus, il ne reste « rien, presque aucune trace ». Ce qu’on ne sait pas en revanche, ce qui nous accroche à chaque page et nous fait revenir chaque soir malgré l’écœurement qui grandit, c’est jusqu’où il est possible de nier l’amour, le respect, jusqu’où Courbet poussera l’ignominie, vis-à-vis de sa compagne, de son père, jusqu’où Virginie s’oubliera dans l’abnégation qu’elle a pour cet homme qui ne respecte rien hormis sa propre peinture.
Comme Gervaise, on voit Virginie déchoir un peu plus chaque année, loin de sa famille, sans amis ; on espère de chaque baiser, de chaque signe de tendresse que son Gustave daigne lui accorder : baste ! Tout espoir est vain et l’histoire est écrite.
Pourtant, chaque soir, on veut retrouver Virginie. Pierre ne s’attarde pas sur les états d’âme de ses personnages. Documenté à l’extrême, le roman est factuel avant tout, servi par le sens de la formule de l’auteur : « Meurt-on d’y penser ? » Au lecteur d’en juger, Virginie a choisi. Courbet, infâme, prétentieux, outre gonflée d’orgueil et d’égotisme ? C’est une lecture possible. Pierre se contente d’aligner les échecs et les succès de l’artiste, de salon en salon et de rencontre en décès.
Quoi qu’on pense de l’homme, ni lui ni ses peintures ne sont l’objet du roman. C’est à Virginie que sont dédiées ces pages, à ce personnage de compagne, d’amante, de mère, et pas seulement de modèle. À cette femme qui a eu le courage de suivre son amour, la volonté de le soutenir et de subir ses frasques, et la force incroyable de finalement le quitter pour rentrer au pays, fille mère, usée et brisée.
Ce roman est une couronne à titre posthume, et c’est Némésis qui vient la lui poser sur la tête.
Jeanne Boudry, courriel du 11 juin 2019
Jean-Yves Debreuille est professeur émérite, spécialiste de l’École de Rochefort à laquelle il a consacré sa thèse. Il a écrit sur Follain, dernièrement Montmaneix. — Jeanne Boudry est assistante vétérinaire, vigneronne et grande lectrice de tous genres de livres. Elle est aussi maman et une amie.